Association entre la manipulation vertébrale chiropratique et la discectomie lombaire chez les patients atteints d’une hernie discale et radiculopathie
L’hernie discale lombaire implique un déplacement focal du matériel discal au-delà de la limite normale de la marge du disque, ce qui peut entraîner une compression (ou une irritation) d’une ou plusieurs racines nerveuses, entraînant une radiculopathie lombo-sacrée (RLS). Les caractéristiques cliniques de la RLS comprennent une douleur irradiante des membres inférieurs, des troubles sensoriels (selon un schéma prévisible), une faiblesse et/ou une diminution des réflexes ostéotendineux. Les deux conditions (HDL ou RLS) sont des raisons courantes pour lesquelles les patients reçoivent des soins chiropratiques ou une intervention chirurgicale sous la forme d’une discectomie.
Les chiropraticiens peuvent utiliser diverses modalités pour traiter l’hernie discale lombaire et la radiculopathie lombo-sacrée (HDL/RLS). Il est courant d’utiliser la thérapie de manipulation vertébrale chiropratique (CSMT : chiropractic spinal manipulative therapy), qui s’est avérée bénéfique pour le traitement de ces affections. Les directives de pratique américaines et internationales recommandent la CSMT pour les lombalgies et la LSR.
Les déficits neurologiques sévères et/ou le syndrome de queue de cheval sont des indications absolues de discectomie lombaire, tandis que la persistance de la douleur malgré un traitement conservateur qui affecte la qualité de vie est une indication relative. Pour les patients sans indications absolues, une discectomie précoce peut offrir des avantages à court terme, cependant, les résultats à long terme à 1-2 ans sont similaires à ceux recevant des soins conservateurs.
Bien que des études antérieures aient examiné l’association entre les soins chiropratiques et la chirurgie de la colonne lombaire, elles ont examiné des populations et/ou des résultats plus larges. Cette étude vise à examiner l’association entre l’utilisation de la manipulation vertébrale chiropratique (CSMT: chiropractic spinal manipulative therapy) pour l’hernie discale lombaire (HDL) et/ou la radiculopathie lombo-sacrée (RLS) nouvellement diagnostiquée et les chances de discectomie lombaire sur des fenêtres de suivi de 1 an et 2 ans.
Résultats pertinents de l'étude:
La discectomie était moins fréquente dans la cohorte CSMT dans les fenêtres de suivi de 1 an et de 2 ans. 1,5 % des patients de la cohorte CSMT et 2,2 % des patients de la cohorte *autres soins* ont subi une discectomie sur 1 an de suivi, tandis que 1,9 % (CSMT) et 2,4 % (autres soins) ont subi une discectomie sur 2 ans. La petite augmentation de la discectomie observée au cours du suivi de 2 ans est cohérente avec les recherches antérieures indiquant que la plupart des patients qui subissent une discectomie le font dans les 2 à 12 mois suivant l’apparition des symptômes.
Des recherches récentes ont indiqué que le niveau d’éducation et la couverture d’assurance ne sont pas associés au choix initial des patients en matière de traitement des douleurs rachidiennes, ce qui indique que les patients de divers groupes démographiques peuvent choisir la CSMT comme soins de première ligne. Cependant, les variables socio-économiques n’ont pas été incluses dans l’ensemble de données, donc cela n’a pas été confirmé par cette étude.
Cette étude a révélé un taux de discectomie inférieur à celui des études similaires précédentes. Cela peut refléter une baisse du taux de chirurgie lombaire aux États-Unis en général, mais peut également être le résultat de la pandémie de COVID-19, car des retards et des annulations ont été signalés dans les chirurgies électives de la colonne vertébrale pendant cette période.
Comme cette étude excluait les indications absolues de chirurgie et de pathologie grave, les auteurs postulent que leurs résultats peuvent s’expliquer par le soulagement de la douleur avec la CSMT. Ceci est confirmé par des études antérieures qui ont montré un pronostic favorable pour la LDH/LSR avec au moins la moitié des patients ayant eu recours à la CSMT connaissant un soulagement significatif au cours des 3 à 12 premiers mois. Comme la plupart des patients subiront une intervention chirurgicale au cours des 2 à 12 premiers mois suivants, l’apparition des symptômes, le soulagement initial de la douleur par la CSMT pourrait permettre aux patients d’éviter une intervention chirurgicale au cours de cette première période critique.
Conclusions
Cette étude a révélé une diminution de chirurgie (discectomie lombaire) chez les patients nouvellement diagnostiqués par une hernie discale lombaire (HDL) ou radiculopathie lombo-sacrée (RLS) qui ont reçu des soins CSMT (chiropractic spinal manipulative therapy). Cela suggère que les patients recevant des soins CSMT pour une HDL et/ou une RLS nouvellement diagnostiquée (sans pathologie grave, déformation de la colonne vertébrale ou indications absolues de chirurgie) ont considérablement réduit leurs risques de discectomie pendant les 2 ans suivant l’apparition de leurs symptômes. Ces données soutiennent l’utilisation de la CSMT pour ces patients. Comme l’ont noté les auteurs, d’autres recherches devraient inclure des essais contrôlés randomisés pour éliminer les sources de confusion telles que les variables socio-économiques.
Références
Trager RJ, Daniels CJ, Perez JA, et al., Association between chiropractic spinal manipulation and lumbar discectomy in adults with lumbar disc herniation and radiculopathy: retrospective cohort study using United States’ data, British Medical Journal Open 2022; 12: e068262.